lettre ouverte à Pierre Louis Wenès

Paris, le vendredi 25 septembre 2009


Lettre ouverte à Louis Pierre Wenes


Directeur Général Adjoint en charge des Opérations France et de la Transformation



Monsieur le Directeur,


Dans votre entretien du 24 septembre 2009 accordé au Nouvel Observateur, vous

semblez nier la réalité de la crise sociale et dégagez votre responsabilité en

évoquant une « monstrueuse manipulation » et « des médias instrumentalisés par

des syndicats avant la campagne électorale CA ». Ceci est en contradiction avec

l’émotion ressentie par l’ensemble des salariés et de leurs représentants, de l’opinion

publique et de l’Etat, responsable de la politique du Travail et actionnaire principal de

notre entreprise. Vos propos sont aussi en totale opposition avec la volonté du reste

du Haut Management de repartir sur de nouvelles bases, selon les propos publics de

Didier Lombard et d’Olivier Barberot.

Nous considérons que vous avez mis en place dans Opérations France, qui

regroupent la majorité des salariés français du Groupe, un système de management

portant les germes de la crise actuelle.

Ce système se caractérise par :

- une absence de considération des salariés en affichant que tout allait bien

socialement et que « seuls les faibles ne peuvent pas suivre » ;

- une absence de considération des institutions représentatives du personnel en ne

participant jamais aux réunions de ces instances ;

- un processus de décision hyper-centralisé, sans volonté de donner du sens et sans

marge de man

oeuvre dans la prise en compte de la réalité locale ;

- la mise en place d’organisations du travail centralisées, conçues au mépris de ceux

qui ont la connaissance du travail, donc du facteur humain, hyper-« processisées » et

dont le ratio efficience/coût humain est aujourd’hui négatif ;

- la mise en place d’objectifs inatteignables et de court terme ainsi que d’une

pression insupportable par un « suivi à

oeillères » ;

- une dévalorisation et servilisation des Cadres sous la menace de placardisation ;

cela en les mettant en situation de conflit entre leur loyauté légendaire à l'égard de

l'entreprise et un management déshumanisé tel qu’enseigné à l’école du

Management France ; cela aussi en les soumettant de façon dogmatique et

dégradante à une obligation de mobilité permanente ;

- un frein permanent dans les négociations, en particulier GPEC, avec un énorme

gâchis de compétences ;

- une tentative de faire reporter sur ces mêmes Cadres votre responsabilité dans la

cause de la crise et dans la gestion de ses conséquences.

Ces éléments et votre absence de discernement humain dans les problèmes qu’ils

pouvaient engendrer, tel que vous l’exprimez notamment dans le Nouvel

Observateur, sont une des causes profondes de la crise actuelle. Il aurait été

préférable que vous sortiez de votre silence auprès des salariés et de leurs

représentants, plutôt que d’essayer de justifier votre type de management dans les

médias.

Votre déni de la réalité et le cynisme de votre discours sont en contradiction avec

celui des autres représentants du haut management du groupe. Aujourd’hui, toutes

les parties en présence savent qu’un des éléments essentiels pour sortir de la

crise actuelle, est la reconnaissance par le haut management qu’il y a quelque

chose qui ne fonctionne pas, particulièrement dans le périmètre placé sous votre

responsabilité. La CFDT ne cherche pas de coupable, mais il va de soi que si vous

ne partagez pas la décision exprimée par notre Président et le DRH Groupe de

procéder à la refondation sociale de l’entreprise, il est temps que vous choisissiez

selon l’une de vos formulations entre « vous soumettre ou vous démettre ».

Xavier Major

Délégué Syndical Central CFDT

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :